"Comme une forêt de formes et de couleurs" de Guy Bugeau
 L'Art primitif... de Miguel d'Escoto Brockman
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Texte critique "Comme une forêt de formes et de couleurs" de Guy Bugeau

    Un maillage serré de lignes et de figures aux tonalités chatoyantes, dont l’exubérance formelle repose sur une architecture de l’instinct, telle apparaît au premier regard l’œuvre du peintre Gaël BIRON.

    Celui qu’une passion sans bornes pour la terre africaine et ses habitants dévore depuis l’enfance, ne cesse, tout au long de ses compositions, de pousser un chant d’amour pour cette patrie symbolique, ce berceau culturel de sa propre humanité.

   Il serait donc tentant de parler, à propos des tableaux de ce peintre, d’un travail sous influence africaine, mais ce serait réduire considérablement une quête infiniment plus ramifiée qu’il n’y paraît, dans laquelle on relève tout aussi bien, pour ne citer qu’eux, des réminiscences du mouvement Cobra, des accents calligraphiques proches de l’héritage celte, de l’enluminure moyenâgeuse ou même quelques échos des symboliques océanienne et toltèque.

    Et pour une approche plus exhaustive de l’œuvre, il faudrait évoquer également l’autre origine , la biologique, l’héréditaire, car l’homme est, par ses racines, proche du monde paysan, du remueur de glèbe auquel ses mots rendent fréquemment hommage. C’est donc aussi par fidélité à cette première filiation qu’il cultive de façon délibérée une réelle rusticité des supports et des procédés, une longue patience ainsi qu’une prédilection pour les matières puissantes, onctueuses, sensuelles.

   Petit format, vaste panneau, diptyque ou triptyque, chaque création, précédée de croquis nombreux, s’élabore lentement, sous-tendue par une armature puissante garantissant les accrochages successifs de ses matériaux favoris : bois, grillages, enduits, toile de jute, cartons et papiers divers sublimés par le jeu des pigments, se succèdent ainsi, s’épaulent et s’enchevêtrent pour, à partir d’une ébauche fragmentaire apparemment tâtonnante et improbable, mettre à jour progressivement une peinture structurée et cohérente ordonnée au sein d‘un foisonnement très complexe.

    Etonnement du spectateur, d’abord, en présence de ce canevas multidirectionnel qui pourrait s’apparenter à celui d’une fresque, un étrange labyrinthe où l’œil hésite  avant de trouver son chemin, car Gaël BIRON est comme ces griots affectionnés de lui qui jamais ne craignent, au cœur de leur récit, de multiplier les détours pour mieux servir leur intention première. Impossible donc de pratiquer ici une lecture linéaire, de chercher à déceler un quelconque nombre d’or par trop occidental; aussi est-ce la machette du découvreur à la main que l’on se doit de plonger dans la brousse de ce treillis luxuriant…

    Jeu de piste, donc, ou plutôt parchemin à dessein initiatique qui fait profit de la gamme entière des couleurs des forêts et savanes, le vert excepté : noir du mystère et des désirs calcinés, bleu des grandes chaleurs, des espaces et des corps chauffés à fendre, blanc du kaolin des danses et des rituels sacrés, marron de la négritude tant aimée, ocres jaunes et rouges d’une terre hélas trop souvent gorgée de sang…

    La pluralité des mediums implique, quant à elle, un recours aux gestes les plus variés, des plus retenus (dessins, glacis, découpes, dégradés…) aux plus incisifs (déchirures, empreintes, labours, griffures…). Il n’est dès lors pas surprenant que cette diversité, hautement revendiquée par l’artiste, couplée à une curiosité de tous les instants, le conduise à varier ses écritures, passant de la peinture à la gravure, au bas-relief, au collage ou encore à la sculpture, notamment celle de totems dont le caractère universel lui permet d’établir une passerelle entre l’art brut européen et un certain primitivisme qui lui est cher.

    Que dire encore? Préciser l’importance de la figure humaine dans le tableau, aux côtés d’animaux-symboles, messagers emblématiques des mondes parallèles. Personnages stylisés, visages traités souvent à la façon de profils égyptiens, tirant de la fixité de leur regard une présence accentuée qui nous implique dans l’œuvre, nous obligeant à la rencontre.

    Car c’est bien de rencontre qu’il est avant tout question dans l’univers de ce jeune homme doux à la carrure de bûcheron. Telle est sa volonté : fouiller dans la matière et se laisser fouiller par elle jusqu’à la mise à jour des couches secrètes au repli desquelles il n’est plus question ni de race, ni de couleur, ni même d’appartenance, sinon à celle de la simple humanité, de la plus tendre fraternité : « Rejoindre l’universalité! » voilà son propre credo, sa plus belle espérance, celle qui le jeta dès l’enfance dans une quête intarissabledes signes, et dont nous le prions de ne plus jamais revenir."

Guy BUGEAU

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L'art primitif...

On dit de lui qu'il est naïf parce qu'il ose rêver ...
Le monde que l'on observe par l'entremise de cet art n'est pas nécessairement celui dans lequel nous sommes habitués à vivre ...
Il serait plutôt le monde auquel nous rêvons, un monde d'innocence et sans péchés ...
C'est un art qui présente le travail harmonieux de l'homme avec celui de ses semblables, avec la nature et avec dieu ...
L'art primitif transmet la paix et pourtant celle ci n'est pas ingénue...
La paix est plutôt faite d'espoir et de croyance en un monde meilleur vers lequel nous tendons par l'expression de notre art ...
L'art primitif est chevaleresque ...
Il refuse d'accepter une réalité inhumaine et deshumanisante ...
A cet égard il peut être considéré à juste titre comme un art de la rébellion ...
MIGUEL D'ESCOTO BROCKMAN ...
(membre honoraire de la fondation des artistes associés du Nicaragua dont la citation apparait sur le dépliant de la fondation) ...


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